lundi, janvier 01, 2007

Quel avenir pour le Venezuela?



par Greg Morsbach
BBC News, Caracas

Traduction de l'anglais: Daniel Quintero

Maintenant que tout est revenu au calme après la victoire écrasante du président Hugo Chavez, il existe de nombreuses spéculations sur les changements qui vont se produire au Venezuela au cours des prochaines années sous son mandat

Chavez a parlé de façon ouverte de son troisième mandat à la tête de l'état comme étant "une nouvelle étape" de son projet à longue terme pour ce pays d'Amérique Latine.

Durant sa campagne éléctorale, et même après son éléction, il n'a pas caché que sa « Révolution Bolivarienne », baptisé d'après Simon Bolivar, le leader d'independence d'Amérique du Sud au XIXe siècle, se dirige vers le socialisme.

Pour les 14 années à venir, Chavez veut transformer le Venezuela en passant d'une société capitaliste à une société socialiste.

Pour ce but, le plan stratégique qui l'aidera a été déjà élaboré et s'appelle « le Plan national Simon Bolivar ».

Carlos Escarra, un parlementaire pro Chavez a dit à la BBC qu'il a été désigné personnellement par Chavez afin de préparer des réformes de grande envergure sur la constitution nationale.


Changement de nom


M.. Escarra, qui fait désormais partie d’une commission présidentielle sur la réforme constitutionnelle, a déclaré: « Une des propositions est de changer le nom de notre pays, République Bolivarienne du Venezuela pour République Socialiste et Bolivarienne »..

« Cela montrera d’une façon plus claire les changements qui sont en train de se passer ici. Mais d'autres changements plus importants sur notre constitution sont envisagés. »

« Par exemple, nous voulons supprimer les anciennes structures bureaucratiques de l'état et les remplacer par des institutions essentielles ».

Chavez a exprimé à plusieurs reprises son souhait de rester au pouvoir jusqu'à l'année 2021 afin de mettre en place son projet socialiste.

Pour rester au pouvoir aussi longtemps, Chavez et ses partisants veulent changer la constitution dans le but de supprimer la limite des mandats auxquels il peut être élu successivement..

« Cela fait partie du plan pour l'année prochaine, bien sûr », a dit Hector Navarro, cadre supérieur de l'équipe de campagne présidentielle de Chavez.

« Souvenez-vous que le président Chavez a été réélu avec un large écart. Donc cela lui donne la popularité et légitimité pour faire de grands changements. »

Cependant, tout changement de la constitution vénézuélienne doit d'abord être approuvé avec une majorité de deux tiers au parlement, puis ensuite dans un référendum national.

Mais cela ne devrait pas poser trop de difficultés au chef d'état de gauche vénézuélien car le parlement est dirigé entièrement par ses partisans et une grande partie de la population le soutient.


Réforme Constitutionnelle

Le mois de décembre 2007 a été présenté comme une date possible pour un référendum sur la constitution, ce qui donne au président assez de temps pour préparer les détails et chercher du soutient auprès de la population.

D’après plusieurs analystes respectés, outre la réforme constitutionnelle, il y aura d’autres changements.

Selon la plupart d'entre eux, il aura une disparition de l'économie privée du Venezuela telle qu'on la connaît aujourd'hui.

Orlando Ochoa, un spécialiste en économie, prédit que l'économie du libre marché sera remplacée par un modèle socialiste où le état exercera un contrôle plus important sur le secteur privé

« L'état va exercer une régulation des prix et des bénéfices dans le secteur privé », a-t-il dit.



Transformations


Alberto Garrido, un analyste indépendant, est persuadé qu’au cours des 14 prochaines années des acteurs de l'économie vont simplement disparaître.

« Les services de santé privée et l'éducation privée seront les premières sur la liste à être éliminées par le gouvernement comme part de sa transition vers le socialisme», a déclaré M. Garrido.

« Le pays entier sera conçu d'après la devise: un chef - un parti - une idéologie», a-t-il ajouté.

Une proposition qui est en train d'être discutée pour l'année prochaine est de créer un seul parti politique pour représenter les chavistas, comme l'on désigne les supporteurs de Chavez.

Actuellement il existe plusieurs partis qui soutiennent Chavez, mais chacun a leur propre leader et hiérarchie.

En ce qui concerne les relations internationales il est presque sûr que le gouvernement de Chavez choisira la continuité: actuellement à Caracas il n'y a pas trop d'envie d’un rapprochement avec Washington et l'administration Bush.

Malgré les meilleurs efforts du Ministère des Affaires Etrangères pour créer des liens après sa victoire électorale, il y a eu un accueil froid de la part du chef d'état agitateur vénézuélien.

Il a rejeté l’ouverture diplomatique de Washington en disant qu’elle « manquait de sincérité ».

« Parfois ils nous montrent une branche d'olive mais il y a toujours des obligations et nous, en tant qu'état souverain, nous ne pouvons pas accepter des conditions », a dit Chavez aux journalistes lors d'une conférence de presse.

Cependant, des cadres diplomates vénézuéliens ont admis personnellement qu'ils pouvaient envisager une relation complètement différente avec un démocrate à la tête de la Maison Blanche, en particulier avec quelqu'un de la famille Clinton.


Pas de scrutin



Jorge Valero, député vénézuélien du Ministère des Affaires Etrangères pour l'Amérique du Nord, , a déclaré à la BBC que « pour les années à venir, il y aura beaucoup plus de coopération entre notre gouvernement et les nations de l' hémisphère sud. »

Le Venezuela essaie aussi de remplacer les Etats-Unis par la Chine comme son principal partenaire commercial.

Alberto Garrido a dit que « l'idée pour Le Venezuela dans les années à venir c'est de vendre à la Chine le pétrole qui est envoyé par bateau aux Etats-Unis. »

Le but ultime est de devenir complètement indépendant des Etats-Unis du point de vue économique parce que Chavez ne veut pas être un chef d'état qui est à la disposition des institutions politiques et économiques d'Amérique du Nord.

Il ne veut pas que sa crédibilité démocratique, son style de gouvernement et son projet socialiste soient examinés de façon internationale.

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